Lumbarthrose (arthrose du rachis lombaire, arthrose lombaire) : Définition
On appelle lumbarthrose, l’arthrose, c’est-à-dire la dégénérescence des surfaces articulaires ou des éléments anatomiques qui composent le rachis lombaire.
L’arthrose du rachis lombaire est extrêmement répandue dans la population. Elle reste souvent sans symptôme. Elle apparaît après l’âge de 30 ans, et se manifeste par des douleurs aiguës, chroniques, par des douleurs des membres inférieurs (sciatique, névralgie crurale). Elle a des conséquences sur la vie sociale et professionnelle des personnes, et un impact économique pour la collectivité.
Le rachis lombaire est constitué de cinq vertèbres. Ces dernières sont articulées entre elles de trois manières :
Les disques intervertébraux (situés entre deux vertèbres) permettent d’articuler les vertèbres entre elles, en avant du canal rachidien.
Les articulations inter apophysaires postérieures, sont situées en arrière du canal rachidien.
Les articulations inter épineuses sont situées en arrière du rachis lui-même.
L’arthrose lombaire atteint ces trois parties du trépied intervertébral, séparément, ou ensemble, chez un même patient.
L’arthrose du disque intervertébral est la plus sévère quant aux conséquences pour le patient, aboutissant à une dégénérescence totale du disque, ou à la formation d’une hernie discale (la survenue d’une hernie discale, étant aussi possible, chez un adulte jeune, indemne d’arthrose).
Arthrose des disques intervertébraux
Le disque intervertébral s’altère avec l’âge, et avec les contraintes qu’on lui impose. L’arthrose discale est aggravée par les traumatismes accidentels ou sportifs, et par les conditions professionnelles.
Le disque intervertébral est l’organe principal de l’union entre deux vertèbres. Il est constitué par un anneau fibreux périphérique, formé de fibrocartilage, et d’un noyau central, gélatineux, l’ensemble possédant des propriétés mécaniques comparables à celles d’un amortisseur.
L’anneau fibreux est formé de lamelles de fibrocartilage concentriques, qui s’insèrent sur les rebords vertébraux. Il est moins épais, donc moins résistant. Il est protégé en avant et en arrière par des ligaments puissants (ligaments longitudinaux, antérieur et postérieur). Le ligament longitudinal postérieur est richement innervé, rendant compte de certaines manifestations douloureuses.
Le noyau pulpeux se compare à une gelée, chez le sujet normal. Il se situe au niveau lombaire à l’union du tiers moyen et du tiers postérieur de la vertèbre. Il se comporte entre les deux vertèbres, comme une rotule, qui transmet les pressions et les répartit sur la périphérie du noyau fibreux. Il maintient aussi l’écart entre deux vertèbres.
Les conséquences de l’arthrose du disque
Le vieillissement du disque est très précoce, presque constant, après l’âge de 30 ans.
Le noyau pulpeux s’affaisse, se déshydrate, se durcit. La dégénérescence de ce noyau expose à la formation de hernies discales, par effraction de la substance gélatineuse, au travers de l’anneau fibreux fissuré. En effet, l’anneau fibreux perd sa structure, et se fissure.
Les traumatismes accélèrent ou aggravent ce processus, qu’ils soient violents, accidentels, ou qu’il s’agisse de microtraumatismes répétés, professionnels, sportifs.
Les hernies discales postérieures sont douloureuses, par agression du ligament longitudinal postérieur, dont l’effraction permet la compression des racines nerveuses qui se situent au delà, avec apparition de douleurs crurales (dans la cuisse) ou sciatiques (douleur du membre inférieur, située sur le trajet du nerf sciatique qui part de la partie lombaire de la colonne, passe par la fesse, la face postérieure de la cuisse et de la jambe, puis descend jusqu’au pied).
Selon la taille, on parlera de protrusion discale, de hernie sous-ligamentaire, de hernie extra-ligamentaire. Les deux dernières pouvant se désolidariser du reste du disque et migrer vers le haut ou le bas, dans le canal rachidien, avec des conséquences neurologiques.
Les signes radiologiques
Les radiographies permettent de mettre en évidence la détérioration discale. Le disque, constitué de cartilage, n’est pas, comme l’os, directement visible sur une radiographie standard, sur laquelle on ne retrouve que son emplacement, formant un vide radiologique, entre les deux vertèbres.
La diminution de l’épaisseur du disque : l’arthrose discale entraîne une diminution d’épaisseur du disque, donc un pincement de l’espace discal, sur les radiographies. Ce sont les deux derniers disques, qui supportent le plus de contraintes, qui sont les plus fréquemment pincés.
Les signes « osseux » : on retrouve aussi une réaction osseuse, des corps vertébraux adjacents : ostéophytose (« becs de perroquets »), densification, sclérose, de l’os sous chondral.
Un vide entre les disques : le disque dégénéré présente fréquemment de véritables cavités (phénomènes de vide intradiscal).
Les troubles de la statique du rachis : la détérioration discale, si elle est sévère, étendue à plusieurs disques, peut entraîner des troubles de toute la statique du rachis lombaire, latéralement, ou d’avant en arrière.
Le scanner, l’IRM (imagerie par résonance magnétique) permettent de visualiser les hernies discales, qui ne sont pas visibles sur des bilans radiographiques standards.
Lumbarthrose (arthrose du rachis lombaire, arthrose lombaire) : Les manifestations cliniques de l’arthrose discale
Les manifestations de l’arthrose discale sont variables. Elle ne présente le plus souvent aucun symptôme (ne pas se fier aux seules images radiographiques). Cependant, elle est fréquemment à l’origine de douleurs lombaires, aiguës ou chroniques, de douleurs radiculaires (liées à la racine d’un nerf comme celle du nerf sciatique, qui part de la partie lombaire de la colonne, passe par la fesse, la face postérieure de la cuisse et de la jambe, puis descend jusqu’au pied).
Le lumbago aigu
Il est généralement dû à une hernie discale, qui pousse sur la partie postérieure de l’anneau fibreux, ou plus rarement, à une souffrance aiguë des articulations inter apophysaires postérieures.
C’est le professeur De Seze, qui le premier a mis en évidence le rôle de la détérioration discale dans cette pathologie.
Le lumbago se caractérise par :
- une douleur lombaire aiguë, lors ou dans les suites d’un effort de soulèvement ;
- une douleur lombaire basse, souvent aggravée par la toux, très vive, obligeant à l’alitement.
Les douleurs disparaissent dans la majorité des cas, dans les dix jours qui suivent, avec le repos, le traitement antalgique et anti-inflammatoire. Il existe une forte proportion de récidives.
La lombalgie chronique
Elle est en rapport avec la détérioration progressive des disques intervertébraux. La douleur est aussi lombaire basse, moins intense que celle du lumbago, aggravée par les activités physiques, sportives, et professionnelles.
Le repos l’améliore, avec persistance d’un fonds douloureux qui entrave les activités du patient. Elle a donc un grand retentissement sur la vie professionnelle. Le disque est en cause, mais aussi l’arthrose inter apophysaire postérieure.
Les douleurs radiculaires (racines des nerfs)
Ce sont essentiellement la sciatique, la névralgie crurale (douleur située sur le trajet d’un nerf de la cuisse). Elles sont l’expression d’un stade plus évolué de l’arthrose lombaire, vers la hernie discale, qui vient irriter les racines, entraînant des douleurs des membres inférieurs : douleurs postérieures de la fesse, de la cuisse et de la jambe, jusqu’au pied (sciatique), douleur de la face antérieure de la cuisse (névralgie crurale).
Le syndrome trophostatique postménopausique
Il se voit chez la femme âgée, qui présente une accentuation de la lordose lombaire, une surcharge pondérale. Il est en rapport avec des douleurs articulaires postérieures, et se manifeste par des douleurs lombaires basses évoluant sur un mode chronique.
Le syndrome de Baastrup
Il est proche du syndrome trophostatique. Il concerne les lésions arthrosiques situées entre les apophyses épineuses des dernières vertèbres lombaires.