Qu’est-ce que l’amiante ?
Le terme « amiante » correspond à une appellation commerciale regroupant un certain nombre de silicates naturels ayant une morphologie fibreuse, c’est-à-dire une forme allongée.
Les amiantes appartiennent à deux familles minéralogiques distinctes : les serpentines et les amphiboles.
Les serpentines
Le chrysotile est la seule variété d’amiante appartenant à la famille serpentine. C’est la variété d’amiante la plus largement répandue et la plus exploitée commercialement. Les principaux pays producteurs sont le Canada, la Russie et le Brésil.
Les amphiboles
La famille des amphiboles comprend des variétés commercialisées comme la crocidolite, l’amosite et l’antophyllite, provenant principalement d’Australie et d’Afrique du Sud. Elle regroupe aussi des variétés présentes dans le sol de certaines contrées, non exploitées commercialement mais pouvant contaminer les amiantes commercialisés, comme l’actinolite et la trémolite.
Où les trouve-t-on ?
Les amiantes sont dotés de propriétés de grande résistance à la chaleur (incombustibilité), aux agressions chimiques et biologiques, et à l’usure. Ces propriétés et le faible coût de l’amiante expliquent les très nombreuses utilisations industrielles de ce minéral.
Les principaux matériaux contenant ou ayant contenu dans le passé de l’amiante sont l’amiante-ciment, le textile amiante, les matériaux de friction (garnitures de freins), les feutres et plaques de cartons amiantés, certains joints, enduits, mortiers, colles, filtres, mastics, peintures, et les dalles de revêtement de sol en vinyl-amiante.
De l’amiante sous forme friable a également été largement utilisée jusqu’à la fin des années 70 pour la réalisation de flocages et de calorifugeages.
L’importation de toutes les variétés d’amiante est interdite en France depuis le 1er janvier 1997 mais il persiste d’importantes quantités d’amiante en place dans de nombreux bâtiments ou matériaux.
Asbestose pulmonaire : Les types d’exposition à l’amiante
Trois types d’expositions à l’amiante doivent être distingués.
On distingue les expositions professionnelles, les expositions paraprofessionnelles et domestiques, et Les expositions environnementales.
Les expositions professionnelles
Elles concernent de très nombreuses professions. On estime qu’une fraction de 20 à 30 % des retraités français ont subi, à un moment ou un autre de leur vie professionnelle, une exposition à l’amiante, plus ou moins intense et prolongée.
Les expositions professionnelles concernent les personnes :
- qui produisent l’amiante (extraction, conditionnement) ;
- qui utilisent ce matériau directement pour des opérations de transformation (fabrication d’amiante-ciment, de textile amiante, de matériaux de friction) ou d’isolation ;
- ou qui interviennent sur des matériaux contenant de l’amiante.
Depuis quelques années une activité importante de retrait ou de confinement de l’amiante en place dans les bâtiments (chantiers de désamiantage) s’est également développée.
Les expositions paraprofessionnelles et domestiques
Ces expositions concernent des personnes en contact avec des travailleurs de l’amiante, notamment en milieu domestique, qui peuvent être exposées par l’intermédiaire des poussières d’amiante transportées par les vêtements de travail.
Les expositions domestiques à l’occasion d’activités de bricolage se rapprochent par leurs caractéristiques des expositions professionnelles.
Les expositions environnementales
Les expositions environnementales comprennent :
- Les expositions résultant de la présence naturelle d’amiante dans le sol de certaines contrées ;
- Les expositions résultant de pollutions de voisinage par des entreprises de transformation de l’amiante ;
- Les expositions « passives intramurales » concernant les occupants de bâtiments contenant de l’amiante, dont l’activité habituelle ne les amène pas à intervenir sur les matériaux contenant de l’amiante, mais qui peuvent inhaler des fibres.
Les conséquences pour la santé
Les conséquences pour la santé de ces expositions sont très variables. Elles dépendent en grande partie de la quantité d’amiante inhalée (le risque de maladie augmente avec cette quantité), mais aussi pour certaines maladies de la variété d’amiante (risque plus important de mésothéliome pleural avec la variété amphibole) et de l’existence de facteurs aggravants (le tabac et l’amiante agissent de façon multiplicative pour le risque de cancer du poumon).
Asbestose pulmonaire : Définition
L’asbestose est une fibrose du poumon (augmentation anormale de la quantité de tissus) induite par l’inhalation d’amiante (ou asbeste).
Il s’agit d’une maladie relativement rare car son développement résulte d’expositions à l’amiante importantes et prolongées, heureusement de moins en moins fréquentes.
L’asbestose peut être isolée ou associée à d’autres maladies liées à l’inhalation d’amiante :
- Bénignes (plaques pleurales, épaississements de la plèvre viscérale) ;
- Malignes (cancers broncho-pulmonaires ou mésothéliomes).
Toutes les fibres d’amiante peuvent être responsables d’une asbestose mais le risque est plus important avec la variété amphibole qu’avec la variété chrysotole (Voir « Amiante (généralités) »). Les fibres longues ont un pouvoir fibrosant plus important que les fibres courtes.
Symptômes, diagnostic, évolution
Les principaux symptômes sont l’essoufflement à l’effort et la toux sèche.
Le diagnostic repose essentiellement sur les examens radiologiques et tout particulièrement sur le scanner thoracique.
L’évolution dans le temps est variable. Certaines formes restent limitées et peu symptomatiques. D’autres évoluent progressivement vers une insuffisance respiratoire sévère. Il n’existe pas de traitement spécifique.
L’asbestose est une maladie professionnelle indemnisable. Les victimes de cette maladie peuvent également bénéficier d’une cessation anticipée d’activité.
Asbestose pulmonaire : Symptômes
Le diagnostic d’asbestose est parfois évoqué devant l’apparition de symptômes respiratoires ou d’anomalies de l’auscultation, plus souvent devant des anomalies radiologiques découvertes dans le cadre de la surveillance médicale de personnes exposées ou ayant été exposées à l’amiante.
Symptômes et signes d’examen
Les symptômes de l’asbestose sont essentiellement l’essoufflement anormal à l’effort et la toux. L’auscultation thoracique permet souvent d’entendre au niveau des bases pulmonaires des bruits anormaux, appelés râles crépitants, qui témoignent de l’atteinte des alvéoles pulmonaires.
Examens radiologiques
La radiographie thoracique met en évidence des anomalies du poumon formant de petites opacités irrégulières, sur les deux poumons (bilatérales), prédominant dans les parties inférieures.
Le scanner thoracique, plus performant que la radiographie thoracique, apporte la preuve des signes radiologiques qui caractérisent la fibrose pulmonaire. Il permet parfois de mettre en évidence des anomalies qui n’apparaissent pas sur la radiographie thoracique. Il permet aussi de récuser des diagnostics de fibrose établis par excès au vu d’une radiographie thoracique.
Autres examens
L’examen de prélèvements par biopsies est en règle générale inutile.
La recherche de fibres d’amiante dans les liquides biologiques (crachats ou liquide de lavage broncho-alvéolaire) n’est pas systématique. Elle est inutile lorsque la reconstitution de la carrière professionnelle permet d’affirmer avec certitude une exposition significative à l’amiante.
Les explorations fonctionnelles respiratoires ont peu d’intérêt sur le plan diagnostique mais permettent d’évaluer de façon objective le retentissement de la fibrose sur les capacités respiratoires.
Il est important de souligner que les anomalies, tant cliniques que radiologiques, observées au cours de l’asbestose, ne sont pas spécifiques et peuvent s’observer au cours d’autres maladies fibrosantes du poumon. Le diagnostic repose sur la confrontation de ces anomalies avec les données concernant l’exposition professionnelle à l’amiante. La plausibilité du diagnostic est renforcée par la présence d’anomalies pleurales associées.
Asbestose pulmonaire : Causes
Le contact des fibres d’amiante avec les cellules des alvéoles pulmonaires entraîne dans un premier temps des réactions inflammatoires puis dans un second temps une fibrose plus ou moins étendue.
L’asbestose est toujours la conséquence de l’inhalation de grandes quantités de fibres d’amiante.
Pour cette raison, on l’observe surtout chez des travailleurs ayant exercé des professions comportant des expositions continues (tout au long de la journée de travail) et prolongées, ou discontinues, mais intenses et prolongées.
Les professions à l’origine des cas les plus nombreux sont :
- L’industrie de transformation de l’amiante : fabrication d’amiante-ciment, de textile amiante, de matériaux de friction ;
- L’isolation thermique et phonique ;
- La construction et la réparation des navires dans les chantiers navals.
Les expositions paraprofessionnelles ou environnementales à l’amiante, parfois à l’origine d’anomalies pleurales, sont insuffisantes pour induire une fibrose pulmonaire.
Apparition et évolution de l’asbestose
La latence – temps écoulé entre le début de l’exposition et la survenue des premières manifestations – est en moyenne de l’ordre d’une vingtaine d’années. Plus l’exposition est importante, plus la période de latence peut être courte.
L’évolution de l’asbestose est très variable. Certaines formes sont très peu évolutives et n’entraînent que peu ou pas de symptômes. D’autres évoluent progressivement vers une insuffisance respiratoire plus ou moins grave malgré la suppression de l’exposition à l’amiante. Le rôle favorisant du tabagisme, parfois évoqué, n’est pas clairement établi. Les évolutions défavorables sont généralement associées aux expositions les plus massives.
Asbestose (affection des poumons par l’amiante) : Quelle prise en charge sociale ?
L’asbestose figure dans les tableaux de maladies professionnelles et peut être indemnisée à ce titre. Elle ouvre également droit au bénéfice d’une cessation anticipée d’activité.
Maladie professionnelle
L’asbestose est une maladie professionnelle indemnisable, dans le régime général de la sécurité sociale (tableau n° 30) et dans le régime agricole de la sécurité sociale (tableau n° 47).
Pour les salariés ou anciens salariés relevant du régime général de la sécurité sociale, une durée d’exposition d’au moins deux ans est nécessaire pour obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle. Toutefois, l’examen du dossier par un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles permet parfois d’obtenir une indemnisation même lorsque la durée d’exposition est inférieure à deux ans.
Cessation anticipée d’activité
La loi n° 98-1194 du 23 décembre 1998 a mis en place un dispositif d’allocation de cessation anticipée d’activité pour certaines catégories de salariés antérieurement exposés à l’amiante et certaines victimes de maladies professionnelles liées à l’amiante. Ces maladies précisées par un arrêté du 29 mars 1999 sont l’asbestose, le cancer broncho-pulmonaire et le mésothéliome malin.
Les victimes d’asbestose reconnue en maladie professionnelle peuvent donc bénéficier dès l’âge de 50 ans, d’une allocation dont le montant est égal à 65 % du salaire de référence, dans la limite du plafond de la sécurité sociale, et à 50 % du salaire de référence pour la part de salaire excédant ce plafond. L’allocation est cumulable avec une pension de maladie professionnelle.