Cancer du côlon : Qu’est-ce que c’est ?
En France, le cancer colorectal représente le premier cancer d’organe. C’est un véritable fléau puisqu’il représente le premier cancer d’organe bien avant le cancer du sein et le cancer du poumon. L’hérédité joue un rôle important dans son apparition.
Le cancer du côlon reste pendant longtemps sans symptômes. Il apparaît généralement au-delà de 50 ans.
Le signe
Le signe d’alarme est la venue d’un saignement rectal soit au moment des selles, soit ce qui est encore plus alarmant, en dehors des selles. Trop souvent, les malades présentant une pathologie hémorroïdaire se considèrent ou sont considérés comme présentant des saignements du rectum (rectorragies) d’origine hémorroïdaire, alors qu’ils sont en train de développer une lésion colique.
Des groupes à risques
Compte tenu d’une composante héréditaire forte, on distingue des groupes à risques avec apparition de cancer colique sporadique dans un grand nombre de familles. Ces groupes à risques doivent bénéficier d’un dépistage vers la cinquantaine. Dans d’autres cas, il existe une composante génétique forte (syndrome de Lynch) où un grand nombre de sujets de la même famille sont atteints, justifiant d’un dépistage très tôt pouvant débuter au moment de l’adolescence.
Le dépistage de masse
Le dépistage de masse a commencé aux Etats-Unis, il n’en est encore qu’au stade des intentions en Europe. Le diagnostic tardif explique le mauvais pronostic global du cancer du côlon (pas plus de 50 % de survie à 5 ans). Le dépistage et l’ablation des polypes ont montré récemment aux Etats-Unis leurs conséquences bénéfiques en diminuant l’apparition du nombre de cancers.
Cancer du côlon : comment le reconnaître ?
Le diagnostic peut être fait dans plusieurs circonstances. Le plus souvent, il existe des signes d’anomalies au niveau du côlon (saignements, troubles du transit et beaucoup moins fréquemment, douleurs abdominales), qui s’avèrent récentes. Plus rarement, l’évolution du cancer s’est faite d’une manière importante et sans symptômes avec apparition brutale de signes d’occlusion liés à une prolifération du cancer entraînant un rétrécissement du diamètre de l’intestin (sténose de la lumière intestinale). Cette circonstance de diagnostic peut conduire à une intervention chirurgicale en urgence pour traiter l’occlusion.
Dépistage
Depuis plusieurs années, grâce à la sensibilisation des patients, des médecins de famille, de la médecine du travail et des médecins des centres de santé, un dépistage individuel se met progressivement en place en France. Ce dépistage touche principalement les patients qui ont des antécédents familiaux de parents ayant eu, soit des cancers coliques, soit des polypes au niveau du côlon ou chez les femmes ayant eu un cancer du sein ou un cancer de l’utérus qui ont un plus grand risque de développer un cancer du côlon.
La méthode hémocult II
Le dépistage de masse repose sur l’utilisation de recherche de sang occulte dans les selles par la méthode hémocult II. Cette méthode reste imparfaite. D’une part, elle comporte des faux positifs (chez les patients ayant un hémocult II positif, la coloscopie détecte dans 5 à 10 % des cas, un cancer colorectal et dans 20 à 30 % des cas des polypes).
D’autre part, elle ne permet de diagnostiquer qu’un cancer sur deux et 30 % des polypes. Elle constitue déjà une approche intéressante et surtout a le mérite de sensibiliser les patients et leur médecin au problème du côlon, véritable préoccupation de santé publique.
Pour être efficace, le dépistage de masse par hémocult doit se faire sur plus de 75 % d’une population ciblée, l’hémocult devant être répétée tous les deux ans à partir de la cinquantaine. En ce qui concerne la politique de dépistage, elle concerne les sujets de 50 à 75 ans, soit plus de 10 millions de personnes en France.
Cancer du côlon : Quels examens ?
Le diagnostic du cancer du côlon repose sur l’endoscopie digestive, complétée par la prise de prélèvements histologiques.
Le dépistage de masse (recherche du sang dans les selles par la méthode de l’hémocult) ou le dépistage individuel par l’endoscopie du côlon (coloscopie) jouent un rôle important. L’ablation systématique des polypes dans le cadre d’une politique de dépistage aux Etats-Unis a permis de voir diminuer le nombre de cancers colo-rectaux.
L’endoscopie
L’endoscopie joue un rôle clef dans le diagnostic du cancer du côlon, elle a remplacé le traditionnel lavement baryté dont l’efficacité diagnostique n’est pas suffisante, notamment pour les petites lésions. L’exploration visuelle de la cavité du côlon (coloscopie) doit se faire sur un sujet ayant bénéficié d’une préparation parfaite.
Sa tolérance est améliorée par l’utilisation d’une sédation intraveineuse plus ou moins profonde, le but est de ne laisser aucun souvenir désagréable au patient. Lors de l’examen coloscopique, l’exploration du côlon est totale du rectum jusqu’au niveau du caecum, chaque segment est examiné minutieusement.
Les polypes d’aspect bénin sont retirés au cours de la coloscopie. Lorsqu’une lésion néoplasique est diagnostiquée, des prélèvements complémentaires sont effectués au cours de l’examen coloscopique.
La recto-sigmoïdoscopie
Elle permet d’explorer la partie terminale du côlon. Cette exploration est plus facile à réaliser, elle demande une préparation moins importante et se fait sans aucune sédation.
En revanche, elle se limite à l’exploration des derniers 25 % du côlon où sont situés toutefois la majorité des cancers et des polypes. Au total, la recto-sigmoïdoscopie néglige volontairement 25 % de la pathologie cancéreuse du côlon, ce qui explique que la coloscopie totale constitue l’examen de référence.
En ce qui concerne la coloscopie virtuelle par l’intermédiaire de l’appareil à tomodensitométrie (scanner) ou d’une IRM, il s’agit encore d’une méthode en voie de développement qui pose des problèmes de réalisation et dont la sensibilité ne permet pas actuellement de diagnostiquer avec fiabilité les polypes de moins de 1 cm. Cette méthode aura certainement un intérêt clinique dans un délai de 5 ans en complément de la coloscopie.
Lorsqu’un cancer du côlon est diagnostiqué, un bilan complémentaire est effectué notamment au niveau du foie et des poumons pour rechercher l’existence éventuelle de métastases à distance.
Cancer du côlon : d’où cela vient-il ?
La séquence polype adénomateux-cancer colique a été décrite depuis plus de 30 ans et constitue la clef de voûte d’une politique de dépistage.
Le rôle des polypes : plus leur taille est importante (supérieure à 2 cm), plus le risque de dégénérescence est grand.
Le rôle de la génétique : il existe des familles avec apparition de cancers sporadiques et d’autres qui présentent au contraire un risque fort, voire majeur, un grand nombre de sujets de la même famille étant atteints (syndrome de Lynch).
Les médecins japonais ont mis en évidence des lésions planes pouvant donner un cancer du côlon sans passer par le stade de polypes vrais. Cette constatation permettrait d’expliquer actuellement environ 10 % des cancers du côlon.
Cancer du côlon : quelle prévention ?
Le dépistage de masse constitue la clef de la prévention du cancer colorectal.
Dix millions de Français, âgés de 45 à 75 ans, sont concernés par le dépistage du cancer du côlon. Le dépistage de masse repose sur la recherche de sang occulte dans les selles.
Vu le rôle des composants héréditaires dans le cancer du côlon, l’interrogatoire des patients est important. Le risque de cancer du côlon est plus important chez les femmes ayant eu un cancer du sein ou de l’utérus.
Le dépistage individuel par la coloscopie totale (exploration visuelle de la cavité du côlon) est effectué sur un sujet ayant bénéficié d’une préparation colique complète.
La politique de dépistage doit être mise en place aux environs de la cinquantaine. L’interrogatoire des patients permet d’individualiser des patients à risques. Lorsqu’il y a des antécédents familiaux de cancer de côlon, la politique de dépistage doit débuter 10 ans avant la date du diagnostic du cancer du côlon chez le parent concerné. Dans certaines formes familiales, le dépistage commence dès l’adolescence.
Le rôle de sensibilisation des médecins de famille est essentiel dans la mise en place d’une politique de dépistage.
Cancer du côlon : quel traitement ?
La prise en charge thérapeutique du cancer du côlon est essentiellement chirurgicale, complétée éventuellement par une chimiothérapie.
La chirurgie colique s’est améliorée au cours des 15 dernières années donnant un pourcentage de complications post-opératoires minimes.
Chirurgie et chimiothérapie
Poly chimiothérapie, préparation d’une perfusion Le développement de la chimiothérapie adjuvante constitue un des progrès importants des 10 dernières années dans le cadre du cancer du côlon.
Les améliorations de la chirurgie et de la chimiothérapie permettent désormais de traiter les sujets présentant un cancer du côlon et ayant déjà des métastases à distance et notamment au niveau du foie.
Le traitement débutant dès que le diagnostic est porté, l’ablation chirurgicale du cancer du côlon doit être programmée après un bilan d’extension. Dans la quasi-totalité des cas, après ablation, l’anastomose colique se fait dans le même temps, il n’y a plus de nécessité de mise en place d’un anus de décharge.
La chimiothérapie constitue actuellement un progrès dans l’amélioration du pronostic du cancer colorectal. Elle se fait généralement pendant 6 mois et débute 1 mois après l’intervention. Les protocoles sont adaptés à la nature histologique et à l’envahissement local du cancer.
En cas de métastases
En cas de métastases à distance, les plus fréquents au niveau du péritoine, du foie ou du poumon, il existe actuellement des protocoles de chimiothérapie de plus en plus efficaces permettant obtenir des rémissions.
Chez un sujet opéré d’un cancer du côlon
Dans ce cas, une politique de surveillance doit être mise en place pour diagnostiquer précocement, soit l’apparition d’une récidive locale au niveau du côlon restant, soit l’apparition sur le même terrain d’un autre cancer du côlon mais également l’apparition de métastases à distance au niveau du foie ou du poumon.
Il sera important de sensibiliser l’entourage sur la notion de risque familial.
Cancer du côlon : vos questions
Quelle est la signification de l’apparition de rectorragies ?
Les saignements au niveau du rectum (rectorragies) constituent un symptôme extrêmement banal, le plus souvent lié au développement d’une pathologie hémorroïdaire. Toutefois, en cas de saignements répétés chez un sujet ne présentant aucune pathologie hémorroïdaire, surtout à l’approche de la cinquantaine, il faut toujours penser à la possibilité du développement d’un cancer du côlon.
Est-ce que les troubles fonctionnels intestinaux favorisent le cancer du côlon ?
La pathologie fonctionnelle intestinale appelée également colique spasmodique, constitue une anomalie de la motricité du côlon. Ces anomalies sont renforcées par de mauvaises habitudes alimentaires, le stress ou la constipation. Cette pathologie de troubles fonctionnels extrêmement fréquente, peut entraîner des douleurs importantes et une angoisse légitime mais elle n’est, en aucun cas, un facteur favorisant le cancer du côlon.
La diverticulose colique favorise-t-elle le cancer du côlon ?
La maladie diverticulaire est une pathologie qui apparaît simultanément à celle du cancer du côlon puisqu’elle touche la même tranche d’âge de la population. Il s’agit d’un vieillissement de la paroi colique. Si la diverticulose peut être associée soit à des polypes soit à des cancers, elle ne constitue, en aucun cas, une pathologie précancéreuse.
Les polypes coliques sont-ils toujours cancéreux ?
De très nombreux polypes sont diagnostiqués et s’ils peuvent constituer dans certains cas des lésions précancéreuses, dans de nombreuses circonstances, ils n’évoluent pas. Il est difficile de savoir quel type de polype va évoluer vers un cancer ; c’est la raison pour laquelle tous les polypes adénomateux doivent être retirés lors des examens coloscopiques. Il existe un type de polype, dit polype hyperplasique qui n’a aucun caractère de gravité et les patients qui en sont porteurs n’ont aucun risque particulier de cancer du côlon. Lorsqu’un polype a été retiré chez un sujet, une politique de surveillance doit être mise en œuvre avec contrôle coloscopique trois ans après l’ablation du polype, pour diagnostiquer l’apparition d’autres polypes ou d’une récidive.
A quel âge doit-on passer une coloscopie quand il y a eu des cas de cancer du colon chez les grands-parents ?
En l’état actuel de nos connaissances, les recommandations de dépistage du cancer du colon par la coloscopie s’adressent aux sujets ayant un antécédent familial de premier degré (parents, fratrie et enfants). Dans ces cas, il est conseillé une coloscopie de dépistage, à 45 ans ou 5 ans avant l’âge d’apparition du cas familial à condition qu’il soit apparu avant 60 ans. La surveillance se déroule ensuite tous les 5 ans.
Néanmoins, certaines familles présentent des types de cancer du colon avec un risque très élevé de transmission à la descendance, même au-delà du premier degré (poly-adénomatose familiale et cancer colo-rectal héréditaire sans polypose). Dans ces cas, le dépistage est fait beaucoup plus précocement, entre la puberté et 25 ans, par la coloscopie mais également par une étude génétique à la recherche de mutations.