Leucémie aiguë : qu’est-ce que c’est ?
Le terme de leucémie aiguë (LA) regroupe plusieurs entités qui diffèrent par leur présentation clinique et biologique et par leur prise en charge thérapeutique.
La dénomination leucémie aiguë (LA) prend en compte deux caractéristiques primordiales de cette maladie :
- Le terme leucémie ou leucose signifie la présence de globules blancs, ou leucocytes, en excès dans le sang, néanmoins ce critère est inconstant ;
- Le terme aigu fait allusion à un développement assez rapide de la maladie en l’absence de traitement.
Une LA résulte de l’expansion par clonage d’une cellule sanguine immature et anormale au sein de la moelle. Ce sont les techniques de laboratoire qui permettent d’individualiser différents types de LA.
L’examen cytologique
Il permet l’étude morphologique des cellules leucémiques en microscopie optique après coloration spéciale au May-Grunwald-Giemsa (MGG).
Si, à l’état physiologique, on reconnaît deux grandes catégories de leucocytes – les cellules granuleuses (ou myéloïdes) et les cellules dépourvues de granulations (ou lymphoïdes) -, il en va de même pour les cellules leucémiques qui peuvent exhiber les caractéristiques des cellules myéloïdes (leucémie aiguë myéloïde ou LAM) ou celles des cellules lymphoïdes (leucémie aiguë lymphoïde ou LAL).
La présence de granulations caractéristiques de la lignée granuleuse est le plus simple et le principal élément de classification des LA.
L’étude cytochimique
Elle contribue à la classification des LA en identifiant la présence ou l’absence d’enzymes spécifiques d’un ou de plusieurs types cellulaires.
Deux principales réactions chimiques sont employées sur les préparations cellulaires afin de mieux identifier la lignée cellulaire sanguine concernée par le processus pathologique :
- La myélopéroxydase (positive dans les LAM et négative dans les LAL) ;
- La réaction des estérases qui permet l’identification d’un contingent monocytaire au sein des LAM.
L’étude immunophénotypique
Son principe repose sur l’identification de marqueurs de membrane, c’est-à-dire présents à la surface des cellules leucémiques, grâce à l’utilisation d’anticorps monoclonaux capables de reconnaître ces marqueurs.
L’immunophénotypage permet de confirmer le type de lignée sanguine atteinte (myéloïde, lymphoïde B ou T…), et de préciser le niveau de blocage de la cellule leucémique.
L’étude cytogénétique
Elle permet l’analyse du contenu chromosomique des cellules leucémiques sanguines et/ou médullaires. En effet, des anomalies chromosomiques acquises sont retrouvées dans environ 40 % des cas de LA. Ces anomalies chromosomiques ont un intérêt parfois diagnostique, le plus souvent pronostique.
L’étude moléculaire
Du fait de sa plus grande sensibilité, cette étude vient compléter l’examen cytogénétique en révélant des anomalies moléculaires en rapport avec des anomalies chromosomiques non révélées par l’étude cytogénétique conventionnelle.
La classification des LA
Au terme de ces différentes techniques, la leucémie aiguë devient une pathologie regroupant plusieurs entités clinico-biologiques avec des présentations cliniques, un profil évolutif, et des prises en charge thérapeutiques parfois très différentes.
La classification FAB (French-American-British) des LA reste de nos jours la plus utilisée, et précise :
- Les leucémies aiguës myéloïdes (LAM), qui sont les plus fréquentes chez l’adulte et rares chez l’enfant ;
- Les leucémies aiguës lymphoïdes (LAL), qui sont les plus fréquentes chez l’enfant et l’adolescent.
Leucémie aiguë : comment la reconnaître ?
Si un certain nombre de modifications cliniques et/ou sanguines peuvent orienter le diagnostic, la ponction de moelle (myélogramme) est indispensable pour l’affirmer.
Une LA peut être suspectée devant certaines manifestations cliniques et sanguines.
Des manifestations cliniques
Elles peuvent être en rapport :
- Soit avec un syndrome tumoral : le plus souvent, il s’agit d’une hypertrophie des organes hématopoïétiques (où se forment les globules) comme la rate (splénomégalie), les ganglions (adénopathies) ou le foie (hépatomégalie). Selon le type de LA, il n’est pas rare d’observer des manifestations cliniques suspectes comme des céphalées (maux de tête), un syndrome méningé, ou une paralysie faciale qui témoigneraient d’un envahissement du système nerveux par les cellules leucémiques. Des douleurs osseuses invalidantes, des nodules cutanés, une hypertrophie gingivale peuvent également être observés au cours de certaines LA.
- Soit avec un syndrome d’insuffisance médullaire : il correspond à un appauvrissement de la moelle osseuse en cellules hématopoïétiques normales et fonctionnelles du fait de leur étouffement par les cellules leucémiques (hiatus leucémique). Les symptômes peuvent par conséquent concerner les trois lignées sanguines à degrés variables. L’insuffisance de production des globules rouges se manifeste par une fatigue, une pâleur, un essoufflement, des palpitations, des vertiges. Une fièvre isolée traînante, des infections répétées, une angine reflètent une diminution des leucocytes. Enfin, l’insuffisance de production des plaquettes se traduit par une hémorragie le plus souvent cutanée (hématomes spontanés, purpura), parfois muqueuse (saignement de nez, des gencives), voire parfois par des hémorragies d’origine profonde sous la forme d’urines sanglantes (hématurie) ou d’hémorragies digestives.
Des manifestations sanguines
Ces manifestations sont observées sur la numération (nombre) de cellules.
Typiquement, on observe une augmentation des leucocytes (hyperleucocytose) marquée par un fort pourcentage de cellules leucémiques et une nette diminution des leucocytes normaux. S’y associent une anémie et une diminution des plaquettes (ou thrombopénie).
Néanmoins, l’hyperleucocytose est inconstante, et seule une lecture attentive et entraînée de l’hémogramme pourra discerner des anomalies évocatrices.
Le myélogramme
Il est indispensable pour porter le diagnostic de LA avec certitude.
Il est réalisé par ponction sur une personne couchée sur le ventre, après anesthésie locale. Le suc médullaire aspiré est ensuite étalé sur des lames qui sont colorées au May-Grunwald-Giemsa (MGG) et examinées en microscopie optique.
Le myélogramme suffit dans la majorité des cas à affirmer le diagnostic de LA et du sous-type FAB de cette leucémie. Cette étude morphologique sera complétée dans tous les cas d’une étude cytochimique, immunophénotypique, et cytogénétique (Voir : « Qu’est-ce que c’est ? »).