Leucémie lymphoïde chronique : qu’est-ce que c’est ?
La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est une maladie maligne et chronique du sang, caractérisée par la multiplication et l’accumulation dans le sang, la moelle osseuse, la rate, et les ganglions d’une catégorie de globules blancs appelés lymphocytes.
La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est une maladie du globule blanc, et plus particulièrement du lymphocyte. Il existe en effet une anomalie quantitative (multiplication incontrôlée) et qualitative (déficit des fonctions) du lymphocyte. Si l’origine de la maladie se situe au sein de la moelle osseuse (organe hématopoïétique primaire), les manifestations se voient au sein de tous les organes où transitent et/ou séjournent les lymphocytes à l’état normal, comme le sang, les ganglions, la rate (organes hématopoïétiques secondaires). Cette maladie touche plus volontiers l’homme après 60 ans. C’est la plus fréquente des leucémies dans les pays occidentaux, alors qu’elle est rare en Asie.
Un diagnostic de plus en plus précoce
Grâce à la généralisation des examens sanguins de routine, le diagnostic de LLC se fait de plus en plus souvent de nos jours chez des personnes asymptomatiques ne présentant aucun signe de la maladie. Sinon, les manifestations les plus couramment inaugurales de la maladie sont représentées par un état de fatigue, une perte de poids inhabituelle, de la fièvre, des infections bactériennes et/ou virales répétées. Des ganglions augmentés de taille et une grosse rate sont souvent retrouvés à l’examen des patients.
Les analyses sanguines objectivent une augmentation du nombre de globules blancs (hyperleucocytose) parfois considérable. Cette hyperleucocytose se fait toujours aux dépens d’une catégorie cellulaire, le lymphocyte (lymphocytose). Le bilan sanguin peut également objectiver une anémie (diminution du taux de l’hémoglobine) et/ou une thrombopénie (diminution du nombre de plaquettes).
Le diagnostic définitif repose sur la mise en évidence d’une population lymphocytaire sanguine anormale en quantité
(> 4000 lymphocytes/mm3) et en qualité (caractère monomorphe de la population en raison d’un blocage de différenciation des lymphocytes), et d’une infiltration de la moelle par une population de petits lymphocytes supérieure à 30 % de la cellularité médullaire.
Une évolution sur plusieurs années
L’évolution spontanée de la LLC se fait sur plusieurs années en général, et de ce fait l’espérance de vie n’est pas affectée lorsque la maladie survient chez des personnes âgées au-delà de 70 ans. Par contre, quand elle survient chez des personnes plus jeunes, la LLC reste encore de nos jours une affection que l’on ne sait pas guérir. Les principaux traitements utilisés jusqu’alors avaient pour objectifs de contrôler les symptômes de la maladie sans pour autant modifier l’espérance de vie.
Dans la mesure où la majorité des traitements habituels de la LLC sont représentés par des drogues de chimiothérapie, ils étaient souvent réservés aux formes symptomatiques, alors que les patients asymptomatiques étaient généralement surveillés sans traitement particulier.
De nos jours et grâce à une meilleure compréhension de la maladie et à de réels progrès thérapeutiques, de véritables espoirs de guérison sont perceptibles. Ce dernier point est particulièrement important en raison de l’allongement de l’espérance de vie régulièrement observé dans les pays occidentaux.,
Leucémie lymphoïde chronique : diagnostique
Une LLC peut être suspectée sur des arguments cliniques. Le diagnostic de certitude repose sur des arguments sanguins (analyses sanguines) et médullaires (ponction de moelle ou myélogramme).
A l’état physiologique, les globules blancs (GB) sont les cellules impliquées dans la fonction de défense de l’organisme contre les agressions externes, en particulier les infections. Parmi ces GB, le lymphocyte représente une cellule spécialisée. Son rôle est double.
Par sa capacité à fabriquer des anticorps, le lymphocyte participe à l’immunité du sang appelée immunité à médiation humorale ; cette fonction est spécifique à une catégorie de lymphocytes appelés lymphocytes B (LyB). Le lymphocyte est également capable d’assurer la défense de l’organisme de façon directe, en générant des cellules immunocompétentes agissant directement au cœur de la lésion ; cette fonction est désignée sous le nom d’immunité à médiation cellulaire, elle est sous la dépendance des lymphocytes T (LyT). La distinction LyB-LyT dépend exclusivement des marqueurs présents à la surface des lymphocytes. La majorité des LLC portent les marqueurs de membrane B (LLC-B).
La découverte de la maladie
Les circonstances de découverte d’une LLC sont très variables :
- C’est le plus souvent lors d’un examen sanguin systématique qu’une lymphocytose est découverte chez une personne en bonne santé apparente.
- Le patient peut également avoir remarqué l’apparition d’adénopathies. Ces adénopathies peuvent se retrouver au niveau du cou, des aisselles, des plis de l’aine.
- Ce sont parfois la répétition d’épisodes infectieux de façon inexpliquée qui amène le patient à consulter.
- Ce sont plus rarement des complications hématologiques (anémie et/ou thrombopénie) qui sont inaugurales de la maladie.
La reconnaissance de la maladie
Elle se fait grâce à des éléments d’orientation :
- Cliniques : âge, sexe, caractère « palpatoire » des adénopathies (en général symétriques, bilatérales, mobiles, indolores, et de taille le plus souvent modérée), la présence d’une rate augmentée de taille (splénomégalie).
- Biologiques : mise en évidence d’une lymphocytose sanguine
(> 4 000/mm3) constituée de petits lymphocytes très proches du lymphocyte normal. Une anémie et/ou une thrombopénie ne sont généralement pas retrouvées dans les formes débutantes de la maladie. La ponction de moelle montre également une multiplication des lymphocytes qui représente plus de 30 % des cellules (normalement comprise entre 8 et 12 %). Le myélogramme est de plus en plus abandonné de nos jours pour établir le diagnostic. Enfin, il est inutile d’envisager la biopsie (prélèvement pour analyse) d’un ganglion.
Le diagnostic de certitude se fait grâce à l’étude phénotypique. Cette étape consiste à caractériser les marqueurs de membrane des lymphocytes en excès. Elle permet de montrer qu’il s’agit d’une population lymphocytaire monomorphe (d’une même forme) dérivant d’une même cellule et présentant des caractéristiques identiques (population monoclonale). Ces marqueurs sont appelés antigènes de différenciation. Ainsi, les formes habituelles de la LLC expriment les antigènes de différenciation CD5, CD19, CD20, et CD23.