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Leucémie myéloïde chronique

Leucémie myéloïde chronique : qu’est-ce que c’est ?

La leucémie myéloïde chronique (LMC) correspond à une multiplication intense (ou prolifération maligne) du tissu médullaire chargé de la fabrication des éléments du sang. La LMC est donc définie comme un syndrome myéloprolifératif touchant les cellules de la lignée myéloïde ou cellules granuleuses.

La LMC est une prolifération à partir d’une seule et même cellule souche sanguine (la cellule souche hématopoïétique pluripotente), et due à une mutation de cette dernière.

La mutation

Cette mutation est la résultante d’une anomalie chromosomique acquise appelée chromosome Philadelphie (Ph1). Les chromosomes sont constitués d’ADN (les gènes) et de molécules (protéines). L’ensemble des chromosomes constitue notre génome et est contenu dans le noyau de la cellule.

Le nombre et la forme des chromosomes sont fixes et spécifiques à chaque espèce. Ainsi toutes les cellules de l’organisme humain ont 46 chromosomes, à l’exception des gamètes (spermatozoïdes et ovules, contenant chacun 23 chromosomes).

Le Ph1 correspond à l’amputation d’une partie des grands bras de l’un des chromosomes 22, résultant d’une translocation réciproque (échange d’une partie d’un chromosome au profit d’un autre) entre les chromosomes 9 et 22, que l’on désigne sous le symbole t (9 ; 22).

La recherche du Ph1 est positive dans 95 % des LMC dès le début de l’affection. Le Ph1 est présent dans toutes les cellules de la lignée myéloïde, mais également dans les lymphocytes. La translocation t (9 ; 22) aboutit à la formation sur le chromosome 22 d’un gène appelé bcr-abl, qui correspond à la fusion des gènes c-abl situés sur le chromosome 9 et bcr situé sur le chromosome 22. Le gène hybride ainsi obtenu (bcr-abl) est responsable de la formation d’une protéine hybride correspondant à une protéine qui joue un rôle direct dans la transformation cancéreuse.

La prolifération

La prolifération cellulaire observée au cours de la LMC va siéger préférentiellement dans la moelle osseuse, la rate, et envahit le sang. Ceci est à la base même des principaux signes de la maladie, qui correspondent à une augmentation de la taille de la rate (splénomégalie), et une augmentation souvent considérable du chiffre des globules blancs (hyperleucocytose) aux dépens de la lignée granulocytaire (polynucléose) et présence dans le sang de cellules granuleuses immatures (myélémie).

L’évolution spontanée de la maladie se fait en deux phases principales :

  • Une phase chronique dont la durée est très variable (en moyenne deux à trois ans) ;
  • Une phase de transformation de la maladie en une véritable leucémie aiguë dont le pronostic reste très sombre en quelque mois.

Entre ces deux phases, il peut exister une phase d’accélération de la maladie qui est inconstante.

Leucémie myéloïde chronique : comment la reconnaître ?

La traduction de la maladie est clinique (splénomégalie), et biologique (hyperleucocytose avec polynucléose et myélémie).

Les circonstances de découverte de la maladie ne sont pas toujours caractéristiques. En effet, le début de la maladie est insidieux avec parfois des symptômes non spécifiques.

On peut ainsi retrouver :

  • Une augmentation de la taille de la rate (splénomégalie) à l’occasion d’une pesanteur de la région sous-costale gauche (hypochondre gauche) ;
  • Une altération de l’état général qui reste néanmoins modérée.

La proportion de malades ne présentant aucun symptôme (asymptomatiques) au diagnostic reste importante. Dans ces cas-là, seul l’hémogramme (analyse du sang) fera suspecter la maladie.

Les signes cliniques

Ils se résument généralement en une splénomégalie isolée, retrouvée chez la majorité des patients. On peut également retrouver une augmentation de la taille du foie (hépatomégalie), inconstante, mais contrairement à d’autres maladies hématologiques, il n’existe pas en principe d’anomalies ganglionnaires (ou adénopathies).

Certains examens biologiques vont orienter le diagnostic de LMC : l’hémogramme et le myélogramme.

L’hémogramme

Il va avant tout permettre de retrouver :

  • Une nette augmentation du nombre de globules blancs (GB) ou hyperleucocytose. Celle-ci est constante, souvent importante, dépassant le chiffre de 50 000 GB/mm3. Ces GB sont représentés majoritairement par des polynucléaires neutrophiles (PN) ainsi que des cellules jeunes de la lignée granuleuse (promyélocytes, myélocytes, et métamyélocytes). Ce passage dans le sang de cellules retrouvées à l’état normal au sein de la moelle osseuse est appelé myélémie.
  • Le chiffre plaquettaire est soit normal soit augmenté.
  • Une anémie modérée peut également s’observer, sous la forme d’une diminution du taux de l’hémoglobine.

La ponction de moelle ou myélogramme

Elle devient indispensable pour préciser l’affection en cause. Cet examen va montrer une très grande proportion de la lignée granuleuse, généralement supérieure à 80 % (alors qu’elle est habituellement comprise entre 50 % et 60 %).

Au-delà de l’examen cytologique (des cellules vivantes sous tous leurs aspects), le myélogramme permet d’aspirer du suc médullaire sur lequel sera entrepris un examen cytogénétique (étude des chromosomes) à la recherche du chromosome Ph1.

Longtemps considéré comme indispensable, le prélèvement (biopsie) de moelle est de plus en plus abandonné du fait de son caractère traumatique, mais également car les techniques de biologie moderne suffisent à porter le diagnostic avec certitude.

Le diagnostic

Le diagnostic repose sur la mise en évidence du chromosome Ph1. La recherche de cette anomalie chromosomique se fait sur les cellules médullaires obtenues après ponction de moelle. La technique est longue et les résultats disponibles seulement au bout de 10 à 15 jours.

La recherche du gène bcr-abl représente un critère diagnostique encore plus sophistiqué. Il existe en effet de très rares cas de LMC où les techniques conventionnelles de cytogénétique ne retrouvent pas le chromosome Ph1 (< 5 %). Dans ces cas, la maladie est définitivement prouvée par la mise en évidence du gène de fusion bcr-abl par la technique de Polymerase chain reaction (PCR). Cette technique a également l’avantage de sa rapidité.