Les études épidémiologiques ont apporté des éclaircissements importants sur les facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. Certains sont à présent bien établis, d’autres seulement des suppositions.
Plusieurs études épidémiologiques, réalisées sur de vastes populations, ont permis de hiérarchiser les facteurs de risque selon qu’ils sont établis ou possibles. Les facteurs de risque établis sont l’âge, les antécédents familiaux de maladie d’Alzheimer et la présence d’une forme particulière de protéine dans le sang (ApoE-4) Les facteurs de risque possibles sont le sexe féminin et un antécédent de traumatisme crânien.
Age
La maladie d’Alzheimer est une maladie du sujet âgé. Elle commence généralement après 60 ans et sa progression est lente et continue. La question des relations entre la survenue de la maladie et l’âge est complexe. L’un des aspects le plus souvent discutés de la maladie est celui des liens avec le vieillissement normal du cerveau. L’affaiblissement des capacités intellectuelles (en fait essentiellement la mémoire) avec l’âge est un fait largement établi et considéré comme physiologique, c’est-à-dire relevant du vieillissement dit « normal » du cerveau. C’est pourquoi certains ont pu penser que la maladie d’Alzheimer n’était qu’une accentuation du vieillissement normal. Cette conception s’est rapidement avérée totalement fausse : les examens microscopiques du cerveau de sujets non déments ont démontré avec certitude que les lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer sont absentes sur les cerveaux de sujets non atteints de la maladie, même très âgés, au-delà de 100 ans. Qui plus est, il semble que les cerveaux de centenaires ont même moins de chances de présenter les anomalies de la maladie d’Alzheimer que des cerveaux de sujets de 70 ou 80 ans.
Les antécédents familiaux
La plupart des études épidémiologiques réalisées, en Europe ou en Amérique du Nord, ont montré que l’incidence de la maladie d’Alzheimer est un peu plus élevée pour les individus ayant au moins un membre de leur famille (père, mère, frère ou sœur) atteint de la maladie, par comparaison aux individus n’ayant pas de tels antécédents familiaux. Cette constatation a été à l’origine de tout un courant de recherche génétique, débuté dans les années 70, et ayant abouti à d’importantes découvertes sur les gènes possiblement impliqués dans la maladie, de même que sur la façon dont ces gènes peuvent intervenir dans le déclenchement de la maladie. Il est cependant important de garder à l’esprit que la maladie d’Alzheimer n’est pas une maladie héréditaire. Les formes dites familiales de la maladie restent un cas de figure exceptionnel. Le terrain génétique ne doit donc être considéré que comme un facteur favorisant et non comme une cause, comme c’est le cas d’autres maladies, elles authentiquement génétiques, comme la chorée de Huntington, par exemple.
L’apolipoprotéine E
Les études de patients ayant plusieurs cas dans leur famille ont montré une incidence importante d’une forme particulière d’une protéine (l’apolipoprotéine E ou ApoE), présente sur le chromosome 19 et qui existe sous diverses formes. Une des formes les plus rares (l’allèle 4) est significativement associée à un risque accru de maladie d’Alzheimer. Toutefois, cela ne semble être le cas que dans certaines populations, alors que dans d’autres cette forme n’a aucune signification quant à l’incidence de la maladie, ce qui laisse penser, ici encore, qu’il ne s’agit que d’un facteur de risque, et en aucun cas d’une cause de la maladie.
Les facteurs de risque possibles et les facteurs de protection
La plupart des études font état d’une prédominance de patients de sexe féminin. Elle s’explique surtout par la sur-représentation de femmes dans les tranches d’âge où sévit la maladie, pour des raisons liées à leur plus grande longévité. Toutefois, certaines statistiques ont semblé montrer que même si l’on tient compte du facteur longévité, l’incidence de la maladie est un peu plus importante chez la femme. Il n’y a pas d’explication satisfaisante à cet état de fait. L’hypothèse hormonale, a priori concevable, n’a pas été confirmée, au contraire, il semble que les traitements par œstrogènes pourraient jouer un effet partiellement protecteur.
Un antécédent de traumatisme crânien a également été impliqué comme facteur favorisant, de même, parmi les multiples facteurs d’environnement évoqués, un excès d’aluminium dans l’eau de boisson L’une des découvertes les plus surprenantes de ces dernières années en matière de facteur de protection de la maladie d’Alzheimer est l’effet présumé du vin consommé en petite quantité, mais de façon quotidienne. Une équipe bordelaise a ainsi prouvé un effet protecteur d’une consommation de 3 verres de vin par jour. Mais parmi les facteurs évoqués, le facteur de protection le mieux établi semble être le niveau d’étude. Plusieurs études ont en effet démontré qu’un niveau d’étude élevé retarde le passage à un stade symptomatique de la maladie d’Alzheimer.