Syndrome de stress post-traumatique: qu’est-ce que c’est ?
Ce syndrome de description récente définit les conséquences d’un traumatisme psychique exceptionnel.
Le traumatisme psychique résulte d’un événement dépassant les capacités d’adaptation et de défenses habituelles de l’organisme. Il induit des conséquences inhabituelles en raison de l’énergie physique et psychique que l’organisme a dû mobiliser pour se défendre.
Le caractère exceptionnel de ce traumatisme montre bien que l’organisme n’est pas habitué à se défendre. On ne parle pas de syndrome post-traumatique dans des contextes tels que le deuil simple, l’existence de maladies chroniques, les problèmes professionnels ou conjugaux.
Il s’agit là de catastrophes naturelles, d’accidents hors du commun, de rapt, d’attentats, de guerres…
Ce type de traumatisme a été décrit initialement au XIXe siècle sous le terme de névrose traumatique à la suite d’accidents de chemin de fer. Appelé aussi syndrome de guerre, l’état de stress post-traumatique présente de larges similitudes avec la névrose traumatique décrite par Freud et ses disciples.
L’événement stressant provoque habituellement des syndromes de détresse et s’accompagne d’une forte peur, d’une terreur et de sensation d’abandon.
Les signes permettant de poser le diagnostic sont variés. Ils ont néanmoins en commun :
- La présence permanente à l’esprit de l’événement traumatique ;
- La volonté d’éviter toute situation qui pourrait de près ou de loin refaire penser à cet événement ;
- Une réduction de la réactivité habituelle en particulier à l’environnement ;
- Paradoxalement, une hyperactivité neurovégétative.
Pour que le syndrome d’état post-traumatique soit retenu tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faille enregistrer des symptômes durant au moins un mois. Des symptômes qui se manifestent entre quelques jours et plus d’un mois après l’accident.
Ce syndrome bénéficie maintenant d’une prise en charge plus codifiée. Des cellules de cures avec des psychologues et des psychiatres sont mises en place chaque fois que cela est possible. Par contre, deux problèmes persistent :
- Celui du suivi au long cours qui est loin d’être satisfaisant.
- Celui des états de stress non reconnus et dont les conséquences sont graves.
Syndrome de stress post-traumatique: d’où cela vient-il ?
L’état de stress post-traumatique ne survient que pour des événements graves se traduisant par une menace très sérieuse pour la vie ou pour son intégrité physique voire psychique.
Le traumatisme peut concerner l’individu seul ou un groupe d’individu et peut-être du :
- aux catastrophes naturelles comme les tremblements de terre ou les inondations ;
- aux accidents de transports collectifs comme les accidents d’avion ou de train, de voiture dont la fréquence ne doit pas faire oublier leur responsabilité dans ce type de syndrome, ou encore les accidents détruisant le domicile (explosion, effondrements…) ;
- aux attentats qu’il s’agisse de plasticage, de prises d’otages, etc.
- aux guerres bien sûr avec la torture, les camps de concentration…
- aux agressions personnelles en particulier en milieu urbain avec menace pour sa vie ou celle de ses enfants, séquestration, viol, etc.
Fréquence et facteurs de risque
Le syndrome peut toucher l’individu lui-même ou l’un de ses proches, avec une fréquence variable qui semble d’autant plus élevée que la cause est directement imputable à l’homme et que l’événement s’est traduit par une atteinte physique concernant particulièrement le système nerveux central.
Par contre, il ne semble pas que l’âge, le sexe, le milieu socioprofessionnel ou le niveau d’instruction puisse avoir une influence sur la survenue de ce syndrome.
En ce qui concerne la personnalité et les antécédents de celui qui subit ce stress, il semble qu’elle ne soit pas impliquée dans la fréquence de survenue quand l’intensité du stress est telle qu’il est impossible de l’intégrer face à des expériences antérieures.
Par contre, pour des stress moins intenses certaines personnalités sont probablement plus exposées comme les anxieux ou les dépressifs ou encore ceux qui présentent des difficultés à exprimer ou à verbaliser leurs émotions seraient également plus vulnérables.
A titre d’exemple, après une catastrophe aérienne 30 à 40 % des survivants présentent un syndrome de stress post-traumatique.
Syndrome de stress post-traumatique: comment le reconnaître ?
Ce syndrome est fait de différents symptômes qui sont habituellement regroupés dans quatre grandes catégories : vivre à nouveau l’événement traumatique ; éviter tout ce qui pourrait rappeler le traumatisme ; baisse générale de réactivité ; hyperactivité neurovégétative.
Vivre à nouveau l’événement
C’est une véritable obsession amène la personne traumatisée à revivre tout ou partie de l’événement avec une fréquence plus ou moins élevée. Elle va ainsi rêver les différentes phases de l’événement, ou avoir la sensation de revivre ce qui l’a précédé, ce qui l’a déclenché. C’est une sensation de rêve éveillé, « d’absence » de la vie quotidienne avec une réapparition soudaine à un moment plus ou moins proche de la catastrophe.
La personne ressent une véritable détresse face à tout ce qui peut rappeler l’accident : ses conditions de survenue, l’environnement dans lequel il est survenu, la date d’anniversaire…
Eviter tout ce qui pourrait rappeler l’accident
Tout est mis en œuvre pour ne pas se remettre dans des conditions pouvant rappeler cet accident et ce traumatisme. Cela concerne à la fois les activités ou les situations qui sont celles de l’accident, mais aussi les pensées ou les sentiments qui pourraient y être associés.
La baisse de réactivité générale
L’individu cherche à se protéger de son environnement, à se construire un monde intérieur tout en réduisant les contacts avec l’extérieur, à ne pas exposer de signes de fragilité.
La gravité de ces symptômes est variable :
- Amnésie d’origine psychique avec incapacité de se souvenir de certaines composantes de l’événement, habituellement les plus importantes ;
- Régression, en particulier chez les enfants avec perte de processus acquis récemment, comme l’acquisition du langage ou la propreté au lit. Chez les adultes il pourrait y avoir une amnésie plus complète ;
- Isolement par rapport à l’environnement en particulier affectif, qui se traduit par une difficulté à éprouver des sentiments (en particulier tendres) envers les proches voire à les considérer comme des étrangers. Cela complique bien sûr la prise en charge par les proches qui est essentielle ;
- Enfin opposition complète au fait de faire des projets, à voir l’avenir, ce qui là aussi complique la prise en charge.
L’hyperactivité neurovégétative
Sous ce terme très compliqué se retrouvent quelques symptômes qui sont liés à une excitabilité plus importante du système nerveux neurovégétatif. On y retrouve en particulier :
- Des troubles du sommeil avec plutôt des difficultés à l’endormissement et des réveils fréquents plus ou moins liés à des cauchemars ;
- Une irritabilité plus forte avec des colères ;
- Des difficultés de concentration ;
- Une méfiance et une vigilance accentuée ;
- Des réactions diverses faites à la fois de sursauts, de réactions psychologiques a tout ce qui sort du quotidien et qui bien sûr pourrait rappeler de près ou de loin le traumatisme.
Syndrome de stress post-traumatique: comment cela marche-t-il ?
Le stress post-traumatique survient quand l’intensité du stimulus est telle qu’elle dépasse les capacités de défense normale de l’organisme qui s’avère alors incapable de fournir toute l’énergie nécessaire pour faire face et adapter son comportement.
Devant ce type de stress, l’individu peut déclencher différents types de comportements :
- Imiter son voisin, parce qu’il n’est plus capable de prendre lui-même la bonne décision, celle qui lui serait personnelle.
- Réagir à l’aide de comportements primaires et mal adaptés à la situation. Ce peut être une attitude figée, immobile ou à l’inverse une agitation totalement inadéquate avec la situation originelle voire une fuite.
Le temps entre la survenue de l’événement et l’apparition des symptômes est habituellement lié à la période durant laquelle l’organisme se construit des modes de défense nouveaux. Il remplace ainsi ceux qui existaient et qui sont considérés par l’individu comme déficients puisqu’ils ne lui ont pas permis de faire face.
Un événement soudain, brutal et exceptionnel
Le fait majeur dans ce syndrome reste d’une part la soudaineté avec laquelle l’événement survient, sa brutalité et d’autre part son originalité c’est-à-dire son caractère exceptionnel.
Contrairement à son vécu habituel lui donnant la possibilité de vivre dans un cadre maîtrisé et prévisible, l’événement a plongé l’individu dans une inconnue totale, source de peur, inducteur d’éveil permanent. Rien ne lui permet de reprendre le continuum dans lequel il évolue, car rien de ce qui s’est passé ne lui rappelle les situations posées.
L’objectif sera de l’aider à retrouver une véritable continuité. Cela sera d’autant plus difficile :
- Qu’il revient de manière permanente sur l’événement afin de chercher à le comprendre et à en faire une base de départ.
- Qu’il a des difficultés à s’exprimer, à décrire ses émotions, source de problèmes psychosomatiques complémentaires.
Syndrome de stress post-traumatique: le traitement
Le traitement du syndrome post-traumatique se déroule en différentes phases.
La première est anticipatrice puisque le diagnostic n’est retenu qu’après un mois de signes spécifiques correspondant à cette prise en charge initiale. Ainsi, on met en place aujourd’hui des cellules de crises à disposition des rescapés et de leurs familles. Ces cellules sont composées de psychiatres, de psychologues et de professionnels de santé.
Leur action est double :
- D’abord rendre en charge les gestes dits d’urgence parmi lesquels la prescription de certains médicaments sédatifs et tranquillisants.
- Ensuite de permettre de verbaliser dès que possible le traumatisme subi et de tenter de l’intégrer à ses expériences personnelles et sa personnalité.
Les thérapies comportementales
Plus tard, la prise en charge reste d’autant plus essentielle que les signes du syndrome de stress post-traumatique sont importants. Différentes approches sont possibles :
- La prise en charge comportementale qui consiste à mettre l’individu dans des situations de plus en plus proches de celles qui ont déclenché le stress et de l’aider à traduire et à verbaliser ses émotions ;
- Les thérapies de groupe où ceux qui ont subi ce type d’agression peuvent échanger entre eux et parler de leurs expériences.
Une urgence thérapeutique
Il faut insister sur le fait que la prise en charge psychologique doit être considérée comme une véritable urgence. Mais aussi souligner que les difficultés que rencontrent ceux qui ont été soumis à ce type d’agression sont trop souvent sous-estimées par l’environnement et ce d’autant plus qu’elles sont en partie cachées par pudeur ou par impossibilité d’en parler. La prise en charge doit donc être importante et s’inscrire dans le temps.
La prévention
La prévention est un dernier axe de traitement. Elle concerne essentiellement ceux qui sont potentiellement exposés à certains de ces traumatismes. Elle semble permettre de mieux maîtriser les problèmes secondaires à un stress majeur mais en aucun cas de les éliminer.